mardi 29 juillet 2008

LE CRASH DU JEU VIDEO

A partir de 1980, la scène des jeux vidéo a commencé à être surpeuplée. Une situation délicate qui a vu l’arrivée d’une cinquantaine de plateformes différentes en quelques années toutes plus fascinantes que les autres aux yeux des joueurs. Les consoles sont devenues plus chères tandis que le prix des microordinateurs baissait. Apple, Atari, IBM, Compaq, Thomson, Texas Instruments, Amstrad, tous avaient leur propre standard et aucune des machine n’était compatible entre elles.

Alors que la concurrence dans le secteur de l’informatique s’accroissait fortement et obligeait sans cesse d’innover technologiquement, le marché des consoles stagnait. Le vieil Atari VCS restait numéro un malgré le lancement de machines plus puissantes et même s’il avait perdu de sa superbe et qu’il n’offrait plus de nouvelles expériences au joueur. Les cartouches des éditeurs compétents qui poussaient la machine dans ses limites étaient noyées dans la masse de jeux bâclés sortis à la va-vite. Les jeux étaient de moins en moins chers, mais hélas aussi de moins en moins bien.

Au contraire de Nintendo qui plus tard saura réguler son marché, Atari n’avait que peu de contrôle sur les éditeurs indépendants. La direction de Time Warner a commencé à faire n’importe quoi, produisant 12 millions de cartouches Pac-Man (pour 10 millions de consoles vendues !) et ponctionnant 20 millions de dollars dans les caisses d’Atari pour les ré-injecter dans Hollywood.


La licence pour E.T. de Spielberg a donné lieu à un jeu fait dans l’urgence pour noël et fut un fiasco commercial. Les vendeurs n’arrivaient plus à écouler les cartouches produites par Atari et ses 23 éditeurs indépendants. Une rumeur circula comme quoi Time Warner avait fait enterrer des millions de cartouches de jeu au Nouveau Mexique.

En 1981, le marché américain du jeu vidéo faisait 500 millions de dollars de chiffre d’affaires, deux fois plus l’année suivante et plus de 3 milliards en 1983. Puis en moins de deux ans, le marché s’effondra pour ne plus faire qu’un quart de cette somme. En 1985, la plupart des sociétés du secteur avaient fait game over. Certaines réussirent à s’en tirer en se tournant vers le marché de la micro-informatique.

Chahuté mais toujours en forme techniquement et créativement le marché des jeux d’arcade survécut. Après le crash, tout comme avant d'ailleurs, l’arcade restait une source sûre de nouveaux concepts et de nouvelles technologies. Des jeux jump’n run aux jeux de course, des shoot’em up aux jeux de sport, tous les types d’action étaient de plus en plus orientés arcade. Plus de mémoire pour les sprites et les paysages, un superbe piqué d’image, des contrôleurs spéciaux et même des vérins hydrauliques : en terme de gameplay, les jeux d’arcade avaient une génération d’avance sur les jeux domestiques qui souvent essayaient de les copier ou de les imiter.

mercredi 23 juillet 2008

TI99/4a

Avant qu’Intel ne domine le marché des semi-conducteurs, Texas Instrument (TI) était le numéro un dans le développement et la production de puces électroniques. Aujourd’hui encore, il est difficile de dire lequel des deux fut le premier à réunir toutes les fonctions du microprocesseur sur une seule puce : Intel avec son 4004 ou TI qui avait déposé son brevet la même année (1971).


A partir de 1973 des millions de puces 4-bits de chez TI furent utilisées dans les calculateurs et les jeux électroniques. Dès 1975, TI produisit des microprocesseurs 16-bits mais face à l’alternative plus économique offerte par les 8-bits sur le marché, la demande était marginale, si bien que TI construisit son propre ordinateur autour de son processeur.


TI produisait tous les composants de son micro mais sous-estima l’importance d’avoir des développeurs indépendants pour créer des logiciels. Il n’y avait pas de lecteur de disquette et pas d’assembleur. Il était difficile et lent de programmer sur le TI99/4a d'autant plus que le Basic était extrêmement lent.

Quand TI finalement sortit l’extension mémoire de 32 Ko et la ROM de BASIC étendu, il était déjà trop tard. La guerre des prix venait d’être remportée par Commodore. Son VIC20 était techniquement plus faible mais mieux positionné et supporté par les développeurs.

Hélas, TI perdant de l’argent sur chaque unité vendue, la production cessa en 1984.

lundi 21 juillet 2008

ZX

Au tout début des années 80, le jeune marché de la micro-informatique était dominé par des sociétés américaines. Cela n’empêcha pas la naissance de produits en Europe et notamment en Angleterre où un inventeur, Clive Sinclair (il devint Lord Sinclair plus tard) lança son premier ordinateur en kit à monter soi-même.

Le ZX 80 était dépourvu de couleur et de son et avait tout juste 1 Ko de mémoire, mais il avait une grande qualité : tout le monde avait les moyens de se l’acheter. On le connectait à sa télévision et on enregistrait les programmes sur cassette. Ce qui est frappant, c’est la petite taille et le poids plume de l’appareil : plutôt que d’utiliser un vrai clavier, Sinclair avait décidé de recouvrir le boîtier d’une membrane sensitive de 40 touches, le rendant aussi mince qu’une calculatrice de l’époque. L'un des inconvénients du ZX80 est qu'il ne pouvait calculer qu'en entiers (pas de chiffres à virgule).

Un an plus tard, le ZX 81 était produit en masse. Cet ordinateur au prix plancher fut un succès en Europe. Même sans couleur, sans son et sans joystick, il devint une plateforme de jeu importante. Il fut surtout la machine d’initiation pour bon nombre de développeurs.

vendredi 18 juillet 2008

CINEMAWARE

Bob et Phyllis Jacobs créèrent la société Cinemaware en 1986. Ils avaient pour objectif de créer des jeux CD-ROM, pressentant que c’était le support de l’avenir. Malheureusement pour eux, le décollage du CD fut lent, à tel point que la société ferma ses portes avant son avènement.



Cependant, les produits Cinemaware sont mémorables. Les jeux étaient magnifiques (et pas seulement à l’écran, les boites étaient superbes) et agréables. La plupart des productions étaient créées sur Commodore Amiga et mettaient en valeur les ressources de cette machine.

Le but avoué de Cinemaware était de faire des films interactifs

Le premier titre de cet éditeur fut le fameux Defender of the Crown, jeu qui vous transportait en Angleterre en plein moyen âge. A vous les tournois, les combats de siège et les accortes princesses. RJ Mical, qui avait travaillé au développement du système d’exploitation de l’Amiga, fut engagé et développa ce jeu en dix semaines.

En dix mois, Cinemaware développa pour Mindscape 4 jeux : Defender of the Crown, Sinbad, S. D. I. et King of Chicago. Les développeurs s’attachaient à l’ambiance en soignant l’image et le son, donnant une touche unique aux produits Cinemaware.

On retrouve cette recherche du détail dans la série des TV Sports où l’on voit supporters, sponsors et publicités comme à la télé.

jeudi 17 juillet 2008

INTELLIVISION


Jusqu’en 1980, l’Atari VCS dominait sans partage le marché des consoles de jeu. Puis, vint un rival de taille. Fin 1979, Mattel, l’inventeur de la poupée Barbie, annonça son Intellivision Master Component. Un an plus tard, l’appareil était distribué à travers tous les Etats-Unis. Techniquement cette console était supérieure à celle d’Atari et était censée pouvoir faire office de micro-ordinateur familial. On devait pouvoir jouer et tenir ses comptes avec cet appareil. Cependant la sortie des nombreux périphériques (clavier, stockage sur cassette, micro, imprimante et modem) fut retardée de nombreuses fois, et les plus ambitieux furent abandonnés. Les quelques claviers produits étaient vendus deux fois le prix de la console.

Au-delà de la possibilité de transformer la console en ordinateur, l’un des arguments commerciaux les plus forts de l’Intellivision était les graphismes de qualité bien supérieurs à ceux du VCS d’Atari.

Auto Racing

La ludothèque ne pouvant bénéficier des titres phares d’Atari, Mattel se concentra sur les simulations sportives, les jeux de rôle et les jeux d’aventure. Les jeux étaient en général plus aboutis que sur VCS. Les contrôleurs étaient plus complexes aussi. Cependant ils s’avéraient imprécis et comme ils étaient soudés à la console, on ne pouvait pas les remplacer.

Advanced Dungeons & Dragons

En plus de ne pas avoir de joystick conventionnel, l’Intellivision manquait cruellement de jeux. Ce n’est qu’en 1983 que des sociétés comme Activision, Imagic et Parker commencèrent à sortir des cartouches pour cette console. Atari lui-même sortit certains de ses titres ainsi que des conversions d’arcade japonaises de Namco, Nintendo et Sega. La console ne sortit en Europe et au Japon qu’en 1982.

En 1984 Mattel profita de l’effondrement de l’industrie du jeu vidéo pour se retirer du marché en vendant sa branche vidéo-ludique à INTV (société créée par un ancien de chez Mattel). Entre 1985 et 1990 sortirent 35 nouveaux jeux.

TRIVIA
Dix ans avant Sega et Nintendo, l'Intellvision possédait un processeur 16 bits CP1610 cadencé à 3,6 Mhz.
Outre le module micro-ordinateur pour l'Intellivision, Mattel sortira l'Aquarius Home Computer System qui fera un bide.

mercredi 16 juillet 2008

GALAXIAN et GALAGA


Après leur premier jeu vidéo d’arcade Gee Bee, Namco a sorti Galaxian en 1979. C’est le premier jeu dont les graphismes utilisaient des couleurs RVB. La licence pour les Etats-Unis a été donnée à Bally/Midway. Ce jeu a révolutionné l’industrie en innovant grâce à ses graphismes colorés.

Dans Galaxian, une armée d’aliens menaçants attaque la Terre. Votre mission : détruire les extra-terrestres. Le joueur contrôle un vaisseau (Galax) qui bouge horizontalement au bas de l’écran en tirant sur les des escadrons d’aliens multicolores qui flottent au milieu des étoiles scintillantes. Le Galax tire sur cette armée qui le surplombe tout en évitant les vaisseaux ennemis qui quittent la formation pour l’attaquer.



Cette variation du thème classique de Space Invaders fut la première à introduire les formations d’attaque – des ennemis quittant les rangs de l’armée en marche pour plonger vers votre vaisseau – une formule qui sera reprise dans de nombreux classiques comme Phoenix, Radarscope, Galaga et Gyruss.

De tous les personnages du jeu, le vaisseau amiral de Galaxian – aussi appelé le "Galaxip" – est celui qui restera dans les esprits, omniprésent tout au long de l'âge d'or du jeu vidéo. On le retrouve en attaquant spécial dans les hauts niveaux de Galaga mais aussi en guest star en tant que bonus dans plusieurs classiques de Namco tels que Pac-Man, Super Pac-Man et Dig Dug. Galaxian sortit par la suite sur de nombreuses plateformes de jeu, consoles et micro-ordinateurs et fut intégré en tant que niveau spécial de bonus dans Ridge Racer et Mortal Kombat 3 de Midway.

Fort du succès intersidéral remporté par son hit Galaxian, Namco sortit la suite, Galaga, dont la licence fut de nouveau octroyée à Midway aux USA.

Les ingrédients du succès de Galaga sont de multiples niveaux, des séquences bonus, une nouvelle formule "double-tir", et une intelligence améliorée des ennemis.

Ce sont des améliorations importantes par rapport à son prédécesseur, à la fois dans le concept et dans le gameplay.



Bien que l’esprit de ce shoot’em up rapide soit fortement imprégné de l’univers de Galaxian, les nombreuses innovations ajoutées au design le rendent infiniment plus attrayant et génèrent une réelle addiction.

Galaga apporte de nouveaux niveaux – à la difficulté et à la vitesse croissantes plus on avance dans le jeu – qui consistent en des vagues d’armadas d’aliens belliqueux et un nouveau "Challenging Stage" qui peut rapporter un bonus de 10.000 points au joueur.

Galaga est rapidement devenu un incontournable des salles d’arcade du monde entier et a inspiré des suites telles que Galaga’88, Gaplus, Galaxian 3 et Attack of the Zolgear.

mardi 15 juillet 2008

Atari 800


Depuis 1972, les machines d’arcade et les consoles Pong de Nolan Bushnell (fondateur d'Atari) ont ouvert la voie à un marché du jeu électronique mondial. Dans l’industrie du divertissement, sa société Atari est rapidement devenue une mine d’or. En 1976 juste avant le lancement de la console VCS, le géant des médias Time Warner goba Atari y injectant des millions de dollars au passage afin de s’attaquer à l’étape suivante : capturer le marché naissant de la micro-informatique. Au lieu de sortir une nouvelle console, Ray Kassar, le manager de la Warner, présenta un ordinateur 8-bits, l’Atari 800 ainsi que son petit frère l’Atari 400.


Attack of the mutant camels

Avec deux ports cartouche, quatre ports joystick et des circuits spécialisés pour les graphismes et l’animation, l’Atari 800 apparaissait comme la machine parfaite. Les conversions d’arcade représentaient la majeure partie des logiciels, mais en même temps sortaient des jeux exclusifs au 800. Des jeux comme Star Raiders suscitèrent des vocations de développeurs et incita certains à acheter un Atari 800 plutôt qu’un Apple ou un CBM.


Bruce Lee

L’équipe qui réalisa le hardware était celle qui avait conçu le VCS. Le concept retenu était révolutionnaire : trois puces spécialisées venaient épauler le microprocesseur 6502. Antic était le processeur graphique, GTIA prenait en charge les couleurs, l’animation et la détection de collision et Pokey s’occupait des entrées/sorties, du son et de la génération des nombres aléatoires.

Grâce à cette architecture, l’Atari 800 volait le titre de meilleure machine de jeu à son aîné l’Apple II. Pendant un an, l’Atari 800 domina le marché mondial, puis ce fut au tour du Commodore C64.


Star Raiders

A posteriori, on peut dire que l’Atari 800 se trouvait entre deux mondes : en tant que pure machine de jeu, il était trop cher, et il n’avait pas la carrure pour se positionner en véritable alternative informatique. La puissance, le clavier professionnel et les possibilités d’extension contrastaient trop avec l’image ludique d’Atari : pour de nombreux clients potentiels, Atari était synonyme de jouet, pas de micro-ordinateur sérieux.

Même après que la Warner ait divisé la société en deux, une branche informatique professionnelle et une branche jeu vidéo, Atari n’a jamais pu avoir une stratégie produit conséquente. Les modèles suivants, 1200XL, 600XL et 800XL furent victimes du même manque de positionnement, ni machines de jeu, ni machines sérieuses, et ne purent concurrencer le C64.


Atari 800XL

Après l’immense succès des années 70, le développement 8-bits au milieu des années 80 d’Atari était un échec. La Warner ne pouvait plus éponger les dettes et céda la partie informatique d’Atari à Jack Tramiel, le fondateur de Commodore qui remplaça la série des XL par la série des XE, techniquement à peine améliorée, tout en concentrant tous ses efforts au développement de son futur micro-ordinateur 16-bits, l’Atari ST.

Atari avait perdu sa position dominante sur le marché micro-informatique et sur le marché des consoles. En 1992, Atari arrêta toute production et tout développement de machine 8-bits.

lundi 14 juillet 2008

Sauvons l'association MO5.com

Pour rappel, MO5.COM est une association loi 1901 à but non-lucratif dédiée à la préservation du patrimoine informatique et vidéoludique, à commencer par les consoles qui ne sont plus commercialisées depuis de (très) nombreuses années, mais aussi des jeux vidéos, des magazines, des bornes d’arcades etc… MO5 s’est constitué un patrimoine assez impressionnant de plusieurs milliers de pièces depuis plus de 10 ans. Ce patrimoine est d’autant plus difficile à rassembler et à préserver que plus on remonte dans le temps et plus les exemplaires de consoles restant en marche, se font rares.

Malheureusement, ce patrimoine est aujourd’hui en danger car l’association va devoir évacuer les locaux dans lesquels sont entreposées les 30000 pièces de la collection.

L’association doit donc rapidement trouver de nouveaux locaux, et aura besoin de ressources (humaines et matérielles) afin d’organiser son déménagement. Si vous voulez les aider, n’hésiter pas à les contacter ou à faire passer le message autour de vous.

Pour plus d’informations je vous invite à aller sur le site dédié qui a été mis en place : http://soutien.mo5.com

vendredi 11 juillet 2008

ATARI VCS


L’Atari VCS représente la plus grande avancée de l’histoire de jeux électroniques. Introduit en 1977, il remplaça les consoles Pong d’Atari (et d’une douzaine d’autres concurrents) et innova en utilisant des cartouches de jeu interchangeables, créant par la même occasion une nouvelle industrie de plusieurs milliards de dollars.

Le Video Computer System (VCS) devint synonyme de jeu vidéo. Au début des années 80, tous les adolescents souhaitaient avoir un Atari.

Pourtant le démarrage du VCS fut lent et même Atari ne vit pas aussitôt tout le potentiel des cartouches interchangeables. Fairchild, RCA et Magnavox/Phillips avaient déjà des consoles programmables, mais Atari, avec sa marque de jeux d’arcade bien connue et son équipe technique était en pole position. L’explosion des ventes eut lieu quand Atari étendit son catalogue de jeux en incluant des conversions de jeux d’arcade japonais et tout particulièrement le hit de Taito Space Invaders. A la mi 1981, cette cartouche avait été vendue à plus d’un million de copies.

Space Invaders

Tous les jeux Atari étaient développés par Atari lui-même jusqu’à ce que les programmeurs réclament plus d’argent et surtout plus de reconnaissance : en 1980, une partie des développeurs démissionnèrent et emmenés par Jim Levy, l’ancien directeur du marketing, partirent fonder Activision. D’autres maisons d’édition apparurent. Rapidement il devint clair que les éditeurs indépendants étaient source de rénovation dans l’industrie. En plus des transfuges d’Atari, des fabricants de jouets traditionnels commencèrent à produire des cartouches pour VCS en obtenant des licences japonaises chez Konami, Nintendo ou Taito.

Pitfall

Atari régnait sur le monde vidéo ludique sans partage. En 1980, Intellivision et en 1982 Colecovision vinrent cependant s’attaquer au géant. Malgré une avance technologique et des ventes se chiffrant en millions, les deux compétiteurs n’eurent que des miettes de part de marché. Ils furent forcés de s’incliner face à Atari et convertirent humblement leurs jeux pour le VCS. De multiples petites sociétés créatrices de jeux apparurent. En 1982, deux fois plus de jeux nouveaux sortirent que l’année précédente. La qualité de ces jeux faits à la va-vite était toute relative et la confiance des joueurs diminua.

Asteroids

Alors que les producteurs indépendants répétaient encore et encore les vieilles recettes sans introduire aucune innovation, le prix pour les nouvelles cartouches chuta à dix dollars. On ne tirait plus de bénéfice à développer sur VCS et bon nombre de start-ups durent fermer. En 1984, le marché d’Atari croulant sous le poids de plusieurs millions de jeux invendus, entraîna dans sa chute les autres plateformes. C’était le premier crash de l’industrie du jeu vidéo. En Europe et aux USA, il semblait que les jeux étaient faits : on annonçait la fin de la mode des jeux vidéo.

Boxing

Quand le marché 8-bits commença à se relever, aiguillonné par Nintendo, l’hégémonie d’Atari était terminée. Les successeurs du VCS, les 5200 et 7800, ne rencontrèrent que peu de succès, et seul le vieux VCS résistait encore. Au début des années 1990, la dernière série fut produite.

Avec une trentaine de millions d’exemplaires vendus, l’Atari VCS a été un succès planétaire. Les collectionneurs veulent posséder les quatre modèles produits dont le fameux modèle avec imitation bois au look très seventies. Le joystick fourni avec toutes les consoles Atari jusqu’en 1986 est devenu légendaire. Avec son design sobre, un simple bâton avec un bouton de tir rouge, c’est l’un des meilleurs contrôleurs jamais créé : 8 directions et un bouton feu, c’est le minimum mais c’est aussi bien plus adapté à un marché de masse que les contrôleurs plus complexes introduits par Intellivision et Coleco.

Atari ne fournissait que les plus importants périphériques, laissant à d’autres compagnies indépendantes le soin de développer des joysticks de luxe ou autres et notamment à une petite société quasi-inconnue à l’époque : Amiga. On pouvait ajouter à la VCS un clavier externe et avec une cartouche de BASIC, on transformait sa console en micro-ordinateur.

Centipede

L’un des add-ons les plus ambitieux était le Supercharger qui ajoutait aux 128 Octets de mémoire de la machine une confortable RAM de 6 Ko permettant le développement de jeux complexes enregistrés sur des cassettes audio. Plus tard les concepteur de cet adaptateur créèrent leur société Epyx pour développer pour le C64.

En 1983, un modem sortit pour le VCS afin de télécharger des programmes. Ce ne fut pas un succès mais l’héritage fut important : alors que le marché du jeu vidéo s’écroulait, les concepteurs du modem formèrent la société Quantum Link chargée de fournir des programmes en ligne pour le C64 donnant naissance à une communauté on-line. Plus tard, cette société prendra le nom de America Online (AOL).

Trivias

Le premier prototype de la VCS se nommait Stella et avait été développé par Steve Mayer et Ron Milner de Cyan Engineering en 1975. Il fut revu par Joe DeCuir et Jay Miner (le papa de l'Amiga) pour aboutir au VCS en 1977.

Les composants électroniques étant onéreux à l'époque, Atari marge peu sur ses consoles mais se rattrape sur le prix des cartouches. Cette pratique commerciale sera reprise plus tard par Nintendo puis par tous les acteurs du marché.

C'est le jeu Space Invaders qui a réellement boosté les ventes de VCS. La vente de ce seul jeu a rapporté 100 millions de dollars à Atari.

Les ventes de consoles VCS ont rapporté plus de 5 milliards de dollars à Atari.
En 1978 Atari plombe les chiffres de la Warner qui possède la société. En 1983, Atari est responsable de la moitié du total des profits de la Warner !

jeudi 10 juillet 2008

Donkey Kong


Si l’on s’en tient à son gameplay, Donkey Kong est certainement l’un des plus grands classiques, mais si l’on se penche sur le mystère, l’histoire et les batailles juridiques qui l’ont entouré, on s’aperçoit que Donkey Kong est l’un des jeux les plus intriguant jamais fait.

1980, Minoru Arakawa, président de Nintendo of America s’arrache les cheveux : son entrepôt de Seattle est rempli de machines d’arcade du jeu Radarscope invendus. Il prend son téléphone pour demander à Hiroshi Yamauchi, PDG de Nintendo au Japon, qu’il fasse un miracle pour sauver son stock et par la même occasion sa filiale américaine.

Yamauchi se tourne alors vers Shigeru Miyamoto récemment embauché. Ce jeune homme, amateur de banjo et de musique bluegrass, les cheveux à la Beatles, est loin des standards japonais. Embauché en tant qu’artiste, Miyamoto diplômé en design industriel, rêvait de concevoir des jouets. Quand on lui a proposé de faire le design de jeux vidéo, il a été emballé.



Miyamoto travailla avec Gunpei Yokoi, l’ingénieur qui plus tard créera la GameBoy, pour faire un jeu pour sauver Nintendo of America. Ce jeu c'est Donkey Kong. Bricoleur invétéré, Yokoi est l’ingénieur qui a boosté la transition de la manufacture de carte qu’était Nintendo en société de jeux vidéo et est à l’origine du premier jeu Nintendo, le super flop Radarscope.



A ses débuts, Miyamoto ne connaissait rien aux limitations techniques et c’est Yokoi qui était chargé de les lui rappeler. L’équipe à l’origine de Donkey Kong était donc constituée de Miyamoto, Yokoi, deux programmeurs et un musicien. Le jeu fut conçu comme un kit de conversion devant s’adapter sur les 2000 machines Radarscope invendues en stock aux Etats-Unis.



Miyamoto voulait que son jeu soit le premier jeu vidéo qui ait une histoire. L’idée était qu’un singe s’échappait et enlevait la petite amie de son propriétaire, Pauline, et la retenait prisonnière en haut d’un site en construction. Le joueur devait alors affronter des tonneaux, des boules de feux et des tartes de ciment pour la secourir.

Au moment où le jeu arriva aux USA, Ron Judy et Al Stone, directeurs des ventes de Nintendo of America, menaçaient de démissionner. La société était au bord de la banqueroute. Arakawa leur promit que le jeu suivant serait différent.

Mais quand ils ont eu connaissance du titre, "un gorille têtu", Judy et Stone ont failli s’enfuir à toutes jambes. Mais après avoir vu leurs employés accros à ce jeu, ils ont finalement décidé de rester.

Ils ont fini par en vendre plus de 80.000 rien qu’aux Etats-Unis… et devenir multimillionnaires.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. MCA Universal, filiale des strudios Universal qui avaient sorti le film King Kong en 1976 a porté plainte contre Nintendo pour violation de copyright. Universal attaqua en même temps une douzaine d’autres sociétés qui avaient signé des contrats de licence avec Nintendo, dont Coleco qui prévoyait de lancer sa console avec le jeu Donkey Kong.



Nullement impressionnée, Nintendo of America refusa toute transaction et le procès eut lieu. MCA Universal revendiqua la propriété du mot Kong et réclama 5 millions de dollars à Nintendo. Miyamoto répondit aux juges qu’il n’avait pas voulu voler l’image de King Kong et qu’il avait simplement regardé dans un dictionnaire anglais japonais la traduction du mot Gorille et qu’il était tombé sur le mot kong.

Finalement il fut prouvé que Universal ne possédait pas de droit sur King Kong. En effet l’avocat de Nintendo découvrit qu’en 1975 Universal avait attaqué RKO Pictures producteur du King Kong original de 1933 arguant que le film ayant plus de 50 ans, le nom King Kong était tombé dans le domaine public. Universal paya 1,8 millions de dollars de dédommagement à Nintendo.

Le procès terminé, Donkey Kong était en passe de devenir la seconde licence la plus populaire de l’âge d’or des bornes d’arcade, seulement surpassée par PacMan et fit connaître au monde entier Mario, ce petit charpentier converti par la suite en plombier.

Plus important encore, Donkey Kong lança la carrière d’un des designers les plus prolifiques de l’industrie du jeu vidéo, Shigeru Miyamoto, qui signera plus tard des titres de légende comme Super Mario et Zelda. Il cella le destin de l’empire Nintendo.

Mario s’est appelé Mario bien après que Donkey Kong soit programmé. A la réception du jeu, l’équipe de Nintendo of America traduisit les instructions sur la borne d’arcade et voulut attribuer un nom à Jumpman et à sa fiancée. Pour cette dernière, le choix se porta très vite sur Pauline. Ils ne trouvaient pas de nom pour le héro jusqu’à ce que Mario Segali, le propriétaire des entrepôts que louait Nintendo à Seattle vienne réclamer son loyer…



L’histoire du nom du jeu lui-même est assez controversée. La théorie dominante est que les designers japonais l’ont trouvé à l’aide d’un dictionnaire japonais-anglais. A cause du film, Kong est synonyme de monkey (singe) et la traduction inverse de donkey (âne) est stubborn (têtu). C’est plausible : Donkey Kong (âne Kong) est bien un stubborn monkey (singe têtu). Mais une théorie en vogue à la grande époque du jeu disait que le nom n’était qu’une simple faute et qu’il devait s’appeler Monkey Kong (Kong le singe). Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a aucune trace d’âne (donkey) dans le jeu.

lundi 7 juillet 2008

Le premier Commodore

Avec l’Apple II et le TRS-80, le Personal Electronic Transactor (PET) est l’un des premiers acteurs de l’industrie de la micro-informatique. Cette machine a été conçue autour du microprocesseur 6502 de MOS Technologies, une compagnie achetée par Commodore en 1976 et est sortie en même temps que l’Apple II. Bien que le nom de PET dû rapidement être abandonné pour des raisons légales, la machine garda ce surnom.

Une fois déballé, le PET était prêt à être utilisé. Pour 600 $ vous aviez droit à un micro-ordinateur, un clavier, une unité de stockage sur cassette et un moniteur. Ceux qui achetaient un PET choisissait cette machine plutôt qu’un Apple ou un Atari parce qu’il était moins cher et semblait plus sérieux. On dit même que les écoles préféraient le PET parce qu’avec ses 20kg, il était difficile à voler ou même à abîmer. Il est plutôt probable que l’unique mode texte peu propice au jeu y était pour beaucoup.

Malgré cette apparence professionnelle, le PET n’était pas un produit de bonne qualité. Commodore remplaça le Datasette (lecteur de cassette) et les touches trop petites en 1978 par un lecteur de disquette externe et un vrai clavier.

Des jeux sont sortis sur cette machine malgré son incapacité à produire des son ou des graphismes comme Tanktics, Temple of Apshai ou Starfleet Orion.

vendredi 4 juillet 2008

ELITE

Ce jeu de commerce interplanétaire a été écrit par deux teenagers, Ian Bell et David Braben en 1982 et est sorti en 1984. Ce jeu fut un phénomène mondial. Environ un million d’exemplaires furent vendus.

Elite a été écrit sur le BBC, micro-ordinateur britannique qui possédait 32Ko de mémoire. C’est le premier jeu d’exploration spatial offrant des graphismes 3D (façon fil de fer), la possibilité d’explorer librement des milliers de planètes, de commercer, de combattre et de piloter différents vaisseaux.

Pour la première fois on avait un graphisme 3D fil de fer dont les lignes cachées n’apparaissaient pas ce qui renforçait le réalisme. Pour l’époque, c’était une prouesse. Elite est un jeu complexe dans lequel on s’immerge. Elite créa le genre : une combinaison équilibrée de combats spatiaux et de commerce. On y retrouve clairement les influences de films comme 2001, Star Wars ou de livre comme le Guide du routard galactique (Hitchhiker’s Guide to the Galaxy).

Alors qu’est que Elite ? C’est ce que vous voulez que ce soit ! A la base vous êtes un genre de Han Solo avec son vaisseau spatial. Vous pouvez être pirate, marchand ou mercenaire et voyager où vous voulez dans un vaste univers. Il y a des missions que vous n’êtes pas obligé de suivre. Il y a des marchandises à acheter et à vendre, des armes à acquérir pour améliorer votre vaisseau.

Le réalisme est poussé : il est difficile d’apponter sur une station orbitale et acheter un système automatique n’est pas un luxe. Si vous avez un comportement agressif, méfiez-vous de la police qui vous prendra en chasse.

Si vous n’avez plus assez de carburant, rasez une étoile pour tenter d’y pomper de l’hydrogène. Le seul moyen de progresser au début, est de faire du commerce, les règles sont simples, acheter à bon marché dans certains systèmes puis revendre cher dans d'autres, ceci afin de vous permettre de vous équiper un minimum et de prendre diverses options de carrière: continuer le commerce à grande échelle, devenir trafiquant, rentrer dans la police etc.

Les deux auteurs se sont rencontrés alors qu’ils travaillaient chacun sur un projet personnel. Ils ont mis en commun leurs travaux pour faire Elite. A l’époque, les programmeurs devaient batailler dur pour faire tenir leurs programmes dans les mémoires restreintes des micro-ordinateurs. Chaque octet comptait. Sur les 32 Ko que possédait le BBC (ce qui était considéré comme confortable au début des années 80), 16Ko restaient disponibles pour le jeu une fois la gestion de l’écran et des objets programmés.

Les deux auteurs réussirent à programmer leur propre mode graphique pour récupérer 6Ko supplémentaires. Le jeu a été entièrement programmé en assembleur, ce qui aujourd'hui parait insensé mais devrait tout de même donner à réfléchir à certains développeurs : malgré le manque de RAM, il offrait la possibilité de se déplacer sans contraintes dans plus de 2048 systèmes solaires répartis dans 8 galaxies qui possédaient toutes leurs caractéristiques propres!

Comment faire tenir cela dans si peu de mémoire ? En fait une simple suite de Fibbonachi tronquée permettait de générer de façon pseudo aléatoire tous les systèmes. En gros, il suffit de prendre deux nombres, disons 12 et 34, de les additionner et de ne garder que les 2 derniers chiffres. Ainsi on obtient 12 34 46 80 26 06 32 38 …Grâce à cette séquence, on peut générer les noms, les coordonnées, la taille, le type d’économie, etc.… de milliers de planètes, et cela ne prends que quelques octets. Hormis les versions BBC, Spectrum et Archimedes qui n’avaient pas de musique, c’est la musique de Strauss, le Danube Bleu qui est présente. L’idée sort tout droit du film 2001, l’odyssée de l’espace.

Le premier éditeur à qui ils présentèrent le jeu le refusa : les gens ne comprendraient pas la 3D, il n’y a qu’une vie, pas de but défini, le jeu est trop long et le joueur doit utiliser une cassette pour enregistrer sa partie. Or, ce sont là tous les points forts du jeu.

La société Acornsoft le comprit aussitôt et le publia. Les deux jeunes garçons pressentirent qu’ils avaient un hit entre les mains. Un journaliste de Channel 4 responsable des informations les contacta. Dans leurs studios ils utilisaient des micro-ordinateurs BBC pour rédiger les textes. Ce journaliste s’était aperçu que tout le monde autour de lui jouait à ce jeu étrange et il se dit que cela valait la peine d’en faire une news. Ian et David se sont ainsi retrouvés devant les projecteurs.

Quand un joueur atteignait le rang de Elite dans le jeu, il pouvait faire une copie de sa partie sur cassette et l’envoyer à l’éditeur. En retour il recevait un T-shirt Elite avec son nom dessus.

Elite fut porté sur bon nombre de systèmes : Commodore 64, ZX Spectrum, Apple II, Amstrad CPC, PC, Atari ST et Amiga…

Malheureusement les deux co-auteurs se sont fâchés par la suite lors de la production de Frontier : Elite 2 et ne travaillent plus ensemble.

David Barben a continué la saga. En 1993, il sort Frontier : Elite 2. Le programme comporte plus de 250 000 lignes de code assembleur pour le processeur 68000 dont étaient équipés le ST et l’Amiga. C'est le plus gros programme de jeu écrit entièrement en assembleur à ce jour, et malgré cela, il tient sur une disquette de 720 Ko. Plus tard, une version PC sortira. Les progrès sont énormes, tout est en 3D réelle et en couleur. On peut se poser sur les planètes et admirer les villes. Notre galaxie est fidèlement reproduite et l’on peut s’y promener librement.

Elite 3 – First Encounters sort précipitamment en 1995 sous la pression de l’éditeur Gametek. Le jeu n’est pas fini et c’est une catastrophe commerciale. Trois semaines plus tard le jeu est retiré des rayons. David Braben aura pendant longtemps des démêlés en justice avec cet éditeur. Pour ceux qui ont eu la patience d'attendre la remise en rayon d'une version 'propre' d'Elite 3, une légère déception était au rendez-vous, entre temps les machines ont évolué et les CD se sont démocratisés permettant de faire des jeux encore plus beaux graphiquement et Elite 3 souffre de la comparaison.

ArcElite, le portage sur Acorn Archimede est considéré comme la meilleure conversion de Elite, l’original. Ajoutant des adversaires intelligents pouvant se battre entre eux, le jeu ne semble plus centré sur l’existence du joueur. Il y a des convois sous escorte, des formations de pirates à la recherche de proies, des vaisseaux en train d’extraire du minerais des astéroïdes, des ermites ou des vaisseaux abandonnés. La meilleure version 8 bits serait celle de la NES.

De nombreux essais de création de clone de Elite ont mal tourné. Elite : The New Kind développé à partir d’un reverse engineering de l’original sur BBC a dû être abandonné pour des raisons de copyright. Elite Platinium, autre projet ambitieux fut stoppé alors qu’il était quasiment terminé. Elite Legacy devait être un clone de Elite avec un moteur graphique 3D amélioré mais fut abandonné lui aussi quand son auteur a été engagé par une société commerciale de jeux vidéo.

Il existe cependant un projet qui a abouti et qui est toujours actif : Oolite. Ce projet OpelGL a donné naissance à un superbe clone sous Mac OS X, Linux et Windows. Il faut noter également l’existence de Vega Strike que l’on peut raisonnablement considéré comme le successeur spirituel de Elite. Ian Bell de son côté a continué à travailler dans les jeux vidéo (sur l’adaptation d’Elite sur la NES), et dans d’autres domaines comme la peinture fluoeresecente sur corps et la musique techno. David Braden est toujours programmeur et designer de jeux et a créé sa boite de développement : Frontier Developments. Il y a toujours des rumeurs sur Elite IV.